Mode entre 1910 et 1920 : tendances et styles incontournables à cette époque

1912. Alors que le corset persiste dans les manuels de bonnes manières, il recule déjà dans les placards. Les salons parisiens, eux, fourmillent d’idées neuves, défiant la guerre et les conventions pour imposer des vêtements enfin à la hauteur des corps et des vies qui les portent.

Une décennie de bouleversements : pourquoi la mode entre 1910 et 1920 a marqué l’histoire

Au seuil du XXe siècle, la mode entre 1910 et 1920 s’écarte progressivement des carcans sociaux. Les couturières défrichent, les clientes cherchent à s’affranchir. L’arrivée brutale de la première guerre mondiale chamboule la cadence : il faut s’adapter, composer avec des textiles rationnés, improviser dans l’urgence d’une vie bousculée. Les vêtements deviennent plus souples, les structures s’allègent. La taille descend, les jupes s’ouvrent sur la cheville. Des tissus respirent enfin : pour bouger, l’aisance s’impose, non-négociable.

Les tendances vestimentaires reflètent ces éclats de quotidien chamboulé. Au fil des coutures, l’art déco glisse ses lignes nettes : manches géométriques, cols soulignés, palettes sobres mais incisives. Les chapeaux rapetissent, les bijoux se font aériens. La mode féminine troque dentelles tarabiscotées et fioritures contre une élégance urbaine taillée à la serpe.

La première guerre mondiale accélère tout. Les matières premières manquent, forçant l’imagination. Les femmes s’activent à l’arrière, aspirant à des tenues qui collent enfin à la réalité d’un quotidien transformé. L’utilité se frotte sans cesse à l’audace, créant un tout nouvel alphabet du style.

Ces années sculptent l’histoire au lieu de s’y dissoudre. Dans les archives, on lit une envie farouche d’expérimenter. S’habiller devient un geste de prise de parole, une manière d’occuper l’espace autrement.

Quels styles et silhouettes dominaient les garde-robes de l’époque ?

En parcourant la mode entre 1910 et 1920, on saisit toute la complexité de la décennie. Au cœur des penderies, la robe taille basse fait vaciller le règne du corset. La coupe, coulée sur les hanches, allonge la silhouette tout en accompagnant chaque pas. On recherche la fluidité : satin, dentelle ou velours de soie s’imposent. Le soir, on ose les broderies, paillettes et perles ; en journée, place à la sobriété et aux tissus mats.

Pour mieux cerner ce bouleversement stylistique, voici les détails qui en dessinent la trame :

  • Les robes droites, souvent habillées de franges, amorcent l’arrivée de l’élégance des années folles.
  • La jupe se fait moins longue, adoptant le mollet ou la cheville pour accompagner le rythme d’une vie en mouvement.
  • Les couleurs claquent : des nuances vives, des contrastes francs, des motifs géométriques qui sortent les silhouettes de l’anonymat.

L’art déco insuffle du nerf à la mode. Les lignes deviennent nerveuses, les ornements prennent la tangente graphique. La nuit s’illumine de robes du soir brodées, irisées de plumes ou incrustées de sequins ; le jour, on privilégie la tenue mais sans sacrifier la prestance. L’époque adore l’allure nette, la liberté, l’audace d’un style qui ne rejoue plus les codes d’hier.

Des icônes et créateurs visionnaires au cœur des tendances

Impossible de raconter la mode entre 1910 et 1920 sans mettre en lumière ses pionniers. Coco Chanel s’impose, silhouette graphique et volonté inflexible. Elle tranche dans la masse : cheveux courts, lignes dépouillées, jersey intronisé, robe droite élevée en étendard. Avec elle, le chic parisien prend un nouveau souffle : simplicité, aisance, liberté revendiquée.

Derrière Chanel, le mouvement s’accélère. Les carrés courts, chignons relâchés ou bob lisse signent l’abandon des disciplines corsetées. La coiffure fonde une rébellion discrète. La première guerre mondiale rebouverse l’ordre établi et redistribue les rôles. Bientôt, une figure comme Josephine Baker enflammera la décennie suivante avec ses danses charleston et ses choix vestimentaires sans entrave.

Quelques exemples montrent la vitalité de cette période :

  • Le talent anonyme des couturières et modistes, qui adaptent chaque création à la réalité d’une époque incertaine.
  • L’essor d’accessoires nouveaux : bandeaux perlés, sautoirs, sacs rigides, tout l’arsenal d’une modernité sans complexe.

Dans cette effervescence, la mode devient territoire d’expression. Oser la différence devient presque une nécessité, un moyen de briser l’immobilisme.

Homme en costume dans un café parisien des années 20

Redécouvrir la mode 1910-1920 : inspirations et héritages pour aujourd’hui

Cet élan créatif ne s’est jamais vraiment tari. La mode entre 1910 et 1920 inspire encore ceux qui cherchent à casser les codes : la robe taille basse, les manches souples, les matériaux comme le satin ou la dentelle resurgissent avec régularité sur les podiums. Les amoureux de mode rétro retrouvent ces pièces dans les dépôts-ventes et les boutiques spécialistes du vintage dressing : chaque vêtement chiné ajoute une note d’originalité et raconte un récit différent.

Cette décennie, marquée par l’inventivité sous contrainte, influence la mode écoresponsable. La durabilité prend le pas sur la production massive ; l’esprit du réemploi s’installe, teinté d’une quête de sens et de raffinement. Le vintage s’offre comme une réponse concrète plutôt que comme simple effet d’époque.

Pour glisser un air de 1910-1920 dans sa penderie, on peut varier les approches :

  • Opter pour une robe années 20, silhouette intemporelle et profil affiné.
  • Mixer les accessoires : chapeau cloche, perles fines, broderies soignées pour réveiller la puissance graphique de la décennie.
  • S’affranchir du tout-neuf et miser sur la seconde main pour bâtir une allure personnelle, empreinte d’histoire et de caractère.

Le souffle du style art déco continue de hanter les collections contemporaines : lignes franches, élégance épurée, détails exigeants. Dans les greniers, sur les portants, il arrive que le futur reprenne la route là où s’était déposée la mode audacieuse d’une robe de 1912.